Pamela Dellal, mezzo soprano

 

uncommon intelligence, imagination and textual awareness...
PDme

 

 

Poems by Paul Verlaine ( from Cinq Melodies de Venise) - Gabriel Faure

 

Mandoline
Les donneurs de sérénades
Et les belles écouteuses
Échangent des propos fades
Sous les ramures chanteuses.

C'est Tircis et c'est Aminte,
Et c'est l'éternel Clitandre,
Et c'est Damis qui pour mainte
Cruelle fit maint vers tendre.

Leurs courtes vestes de soie,
Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues,

Tourbillonent dans l'extase
D'une lune rose et grise,
Et la mandoline jase
Parmi les frissons de brise.

Mandolin
The singers of serenades
And their lovely listeners
Exchange vapid remarks
Beneath the singing branches.

Thyrsis is there, and Amyntas,
And there’s the everlasting Clytander;
And Damis, who for many
Cruel ladies has made many a tender rhyme.

Their short silk vests,
Their long gowns with trains,
Their elegance, their joy,
And their soft blue shadows,

Whirl in the ecstasy
Of a pink and grey moon,
And the mandolin chatters
Among the shivers of the breeze.

En Sourdine
Calmes dans le demijour
Que les branches hautes font,
Pénetrons bien notre amour
De ce silence profond;

Mêlons nos âmes,
Nos coeurs, et nos sens extasiés,
Parmi les vagues langueurs
des pins et des arbousiers.

Ferme tes yeux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton coeur endormi
Chasse à jamais tout dessein.

Laissons-nous persuader
Au souffle berceur et doux
Qui vient, à tes pieds, rider
Les ondes des gazons roux.

Et quand, solennel, le soir,
Des chenes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera.

Muted
Calm in the half-light
That the high branches make,
Let our love be penetrated
By this profound silence;

Let us mingle our souls,
Our hearts, and our ecstatic senses,
With the languorous waves
Of the pines and the bushes.

Half-close your eyes,
Cross your arms on your breast,
And from your drowsy heart
Drive away all intention.

Let us be persuaded
By the lulling, soft breath
Which comes, at your feet, to ripple
The waves of russet lawn.

And when, solemnly, the evening
Falls from the black oaks,
The voice of our despair,
The nightingale, will sing.

À Clymène
Mystiques barcarolles,
Romances sans paroles,
Chère, puisque tes yeux,
Couleur des cieux,

Puisque ta voix, étrange
Vision qui dérange
Et trouble l'horizon
De ma raison,

Puisque l'arôme insigne
De ta pâleur de cygne,
Et puisque la candeur
De ton odeur,

Ah! puisque tout ton être,
Musique qui pénètre,
Nimbes d'anges défunts,
Tons et parfums,

A, sur d'almes cadences,
En ses correspondances
Induit mon coeur subtil,
Ainsi soit-il!

To Clymene
Mystical barcarolles,
Songs without words;
Darling, since your eyes,
Sky-colored;

Since your voice, strange
Vision which disturbs
And troubles the horizon
Of my reason;

Since the distinct fragrance
Of your swan paleness;
And since the whiteness
Of your scent;

Ah! Since your entire being,
Music which penetrates;
Halos of deceased angels;
Notes and perfumes;

Has, through gracious pulses,
Within its synergy
Entrained my susceptible heart –
So be it!

Clair de Lune
Votre âme est un paysage choisi,
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth et dansant, et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques!

Tout en chantant, sur le mode mineur,
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur,
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune, triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres,
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

Moonlight
Your soul is a choice landscape,
Where charming masqueraders come,
Playing the lute and dancing, and almost
Sad beneath their fantastical disguises!

Singing all the while, in the minor mode,
Of conquering love and the convenient life;
They don’t seem to believe in their happiness,
And their song blends with the moonlight,

With the calm moonlight, sad and lovely,
Which makes the birds dream in the trees,
And the fountains sob with ecstasy,
The great sleek fountains among the statues.

© Pamela Dellal